Baromètre de la Parité dans le Grand Paris – 4e édition

26 % de femmes aux plus hauts postes dans le Grand Paris :
toutes les raisons d’être satisfaits ?

30 %, c’est l’objectif qu’impose la loi Rixain aux grandes entreprises pour atteindre la parité parmi leurs cadres dirigeants et leurs instances dirigeantes en 2026.

26 %, c’est la proportion de femmes qui occupent en 2023 les postes de présidents, PDG et directeurs généraux des entreprises et des institutions du Grand Paris, territoire emblématique qui crée près d’un tiers du PIB national. 

Ce 8 mars 2024, la 4e édition du Baromètre de la Parité du Grand Paris de Paris-Île de France Capitale Économique révèle des chiffres encourageants, mais appelle à la poursuite soutenue de l’engagement pour combler les disparités persistantes. 

Au-delà des instances dirigeantes et du cadre légal, la 4e édition du Baromètre de la Parité du Grand Pari s’intéresse aux plus hauts postes des structures privées et publiques du territoire, à savoir les postes de présidents, de PDG et de directeurs généraux. Il se distingue également des autres baromètres par deux choix forts, être transsectoriel d’une part, pour offrir une photographie riche, et être à l’échelle du Grand Paris d’autre part, un territoire à valeur de symbole qui concentre le pouvoir économique et politique national. 

La parité, un objectif fixé par la loi

Depuis une vingtaine d’années, plusieurs évolutions dans la loi française promeuvent la représentation équilibrée entre femmes et hommes dans le monde économique. Deux lois imposent notamment des quotas : 

  • la loi Copé-Zimmermann (2011) impose un minimum de 40 % de femmes et d’hommes dans les conseils d’administration et de surveillance ; 
  • la loi Rixain (2021) étend ce principe aux cadres dirigeants et à l’ensemble des instances dirigeantes (CA et COMEX) pour les entreprises de plus de 1 000 salariés, avec un échelonnage jusqu’à 2029 (30 % en 2026 ; 40 % en 2029).

Cependant, le constat est là dans le Grand Paris : si l’effet des lois se fait ressentir dans la féminisation croissante des instances dirigeantes, les postes au sommet – président, PDG, directeur général – sont encore en grande majorité occupés par des hommes, ne reflétant pas encore les efforts mis en place au sein des entreprises et des institutions.

Dans le Grand Paris, un chiffre globalement encourageant qui cache des disparités fortes entre secteurs et dans chaque secteur

Le constat tous secteurs confondus dans le Grand Paris reste encourageant : 26 % des dirigeants (présidents, PDG, directeurs généraux) du territoire sont des femmes. Cependant, les disparités sont grandes selon les secteurs et les catégories d’acteurs considérés. Certains dépassent les 30 % (Administration 44 % ; Droit 39 % ; Culture 38 % ; Santé 35 % ; Formation, recherche & innovation 34%) ou s’en approchent (Représentation du monde socio-économique 26 % ; Politique  23 %), d’autres en sont encore loin (JOP 19 % ; Ville & Bâtiment 17 % ; Grande distribution 15 % ; Tourisme & hôtellerie 15 % ; Infrastructures 14 %), voire très loin (CAC 40 6 % ; Finance & Assurance 2 %).

Si ces chiffres semblent peu porteurs d’espoir pour certains secteurs, il est nécessaire de jeter un œil aux instances dirigeantes, qui se féminisent fortement du fait des objectifs fixés par la loi et des efforts des entreprises. Ainsi, dans le secteur des infrastructures, les CA analysés comptent en moyenne 38 % de femmes et les COMEX 32 %. Dans le domaine de la finance et de l’assurance, le constat est similaire, avec 43 % de femmes pour les CA et 35 % pour les COMEX. Les instances dirigeantes des 33 entreprises du CAC 40 du Grand Paris sont quant à elles à 45 % de femmes pour les CA et 29 % pour les COMEX.

Une deuxième nuance apparaît si on s’attarde sur chaque catégorie : en leur sein même, des distinctions apparaissent. C’est le cas par exemple dans la culture, entre dirigeants de musées (58 % de femmes), de médias (24 %) ou de théâtres (19 %), ou encore dans la recherche, entre centres de recherche (18 %) et universités (36 %). Ainsi, environ 1 centre de recherche sur 5 est dirigé par une femme dans le Grand Paris, alors qu’elles représentent presque 1 chercheur français sur 3 (Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, 2021). Dans la filière de la ville & du bâtiment, les aménageurs publics sont proches du but (30%), mais les acteurs de l’immobilier (12 %) et de la construction (5 %) doivent encore progresser.

Et qu’en est-il en politique ? À première vue, l’Île-de-France est paritaire avec deux femmes, l’une à la tête de la Région, l’autre à la tête de la Ville de Paris, et un homme à la tête de la Métropole du Grand Paris. 44,5 % de la population a pour maire une femme, mais ce chiffre tombe à 19% quand on enlève la Ville de Paris. Dans la Métropole du Grand Paris, seulement 35 des 146 maires sont des femmes.

Le fossé est encore important. Il reste un long chemin à parcourir pour atteindre la parité parmi les dirigeants, mais aussi pour se conformer aux seuils fixés par la loi Rixain. Atteindre ces seuils pour les entreprises du SBF 120 (échelle France) signifie concrètement nommer 150 femmes aux COMEX (Les Echos, Laurence Boisseau, 29/02/2024).

Agir en faveur de la parité pour ouvrir de nouvelles voies

À travers ce Baromètre, Paris-Île de France Capitale Économique (PCE) vise à animer le débat public. Mais l’idée n’est pas de s’arrêter aux chiffres. La suite est cruciale : il faut identifier les facteurs explicatifs afin de mieux comprendre les points de blocages et les solutions pour les lever. Les chiffres dévoilés par le Baromètre seront ainsi étoffés les prochains mois par des analyses de dirigeantes et dirigeants de différents secteurs.

Une première étape a déjà été franchie ce jeudi 7 mars matin, à l’occasion de la présentation en avant-première à nos membres des résultats du Baromètre. Ce fut l’occasion de discuter sur le rôle et la perception des quotas, l’articulation entre droit et mœurs, la mise en avant de bonnes pratiques, l’importance d’agir sur l’ensemble de la chaîne (lycée, attractivité des métiers, formation, accompagnement, repérage des talents…) et sur les expériences de terrain de chacun. 

PCE ambitionne de « faire du Grand Paris le pionnier et le leader des transitions », ce qui implique oser de nouvelles voies pour faire face à de nombreux défis et incertitudes. Pour ce faire, la diversité des points de vue est essentielle, et la parité y contribue. On a tous à y gagner à favoriser le leadership féminin.