La création culturelle, qui est l’une des 10 priorités affichées par le Président de la République dans le plan France 2030, constitue une dimension essentielle de l’attractivité des territoires, à la fois par le poids économique qu’elle représente, par son impact en termes d’image et de rayonnement et par sa capacité à stimuler la créativité dans l’ensemble de la société.

La dimension culturelle et créative du Grand Paris, pourtant connue et reconnue, n’est que peu documentée dans sa dimension économique et dans l’impact qu’elle peut avoir sur l’attractivité du territoire et, quand les données chiffrées existent, elles sont la plupart du temps anciennes et ne font pas l’objet d’une actualisation régulière permettant l’établissement d’indicateurs fiables. Pourtant le poids de la culture et des industries créatives dans le PIB est estimé à 21,5Mds€ en 2015 pour l’Île-de-France; les deux réunies représentent par ailleurs 10% des emplois de la région, soit plus que l’automobile, l’aéronautique et la pharmacie réunis. Il s’agit donc bien d’un secteur générateur de valeur économique qui pèse lourd dans l’économie francilienne.

Paris-Île de France Capitale Économique a ainsi développé un programme spécifiquement dédié à la compréhension des liens entre culture, attractivité et innovation afin d’intensifier, voire de créer des ponts entre le monde de l’entreprise et celui de la culture et des industries créatives pour stimuler ce facteur d’attractivité encore trop méconnu, alors qu’il peut être fortement différenciant à l’échelle internationale.

Ce programme, intitulé Les MAGNETiques, s’articule en 3 parties :

  • Révéler : rendre visible et valoriser l’impact de la création culturelle sur le dynamisme, l’innovation et l’attractivité d’un territoire via la réalisation d’une étude dont la sortie est prévue pour le printemps 2023.
  • Échanger : rendre possible une série de rencontres improbables entre acteurs politiques, artistiques et entrepreneurs pour créer une fertilisation croisée entre les univers de la création culturelle et de l’entreprise sur des thématiques spécifiques et ainsi stimuler l’envie de lancer des projets communs.
  • Agir : avec une dizaine de résidences d’artistes en entreprises dans le Grand Paris qui vise à concrétiser cette rencontre entre la démarche créative de l’artiste et le monde de l’entreprise.

La culture et les industries créatives, leviers d’attractivité pour le Grand Paris

Cette étude originale permet de montrer les liens entre culture, industries créatives et attractivité à l’échelle du Grand Paris grâce à l’analyse de chiffres clés et le recueil de témoignages d’acteurs du secteur culturel.

Avec plus de 700 infrastructures de création et de lieux de formation, plus de 8 000 lieux de diffusion, l’organisation, en 2022, de 500 festivals et de plus de 300 expositions, l’ouverture ou la réouverture de 44 lieux culturels entre 2014 et 2019 pour seulement 9% de la population nationale, le Grand Paris se caractérise à la fois par une hyperconcentration des infrastructures culturelles et par une population « surconsommatrice » de produits culturels en comparaison avec d’autres villes. Son poids dans le PIB est estimé à 21,5 milliards d’euros en 2015 pour l’Île-de-France ; la culture et les industries créatives réunies représentent 10% des emplois de la région, soit plus que les secteurs de l’automobile, l’aéronautique et la pharmacie réunis ; avec une hausse de 31,2% de la création d’entreprises culturelles en Île-de-France entre 2019 et 2020, dont de nombreuses start-ups soutenues par des incubateurs dédiés (Créatis, Incubateur du Patrimoine, 104Factory) elles sont plus dynamiques que la moyenne nationale sur la même période (+27,4%).

L’étude de Paris-Île de France Capitale Economique pose clairement la question du lien entre vitalité culturelle, concentration des industries créatives d’un côté et attractivité de l’autre : ce lien est évident pour l’attraction des touristes, de loisirs comme d’affaires, avec 55 millions de visiteurs en 2019, 44 millions en 2022 dont 65% qui ont visité au moins un monument ou un musée, générant 22 milliards de retombées économiques indirectes en 2019. Il l’est également sur l’attraction des classes créatives : le talent attire le talent. Et les talents attirent les entreprises qui souhaitent travailler avec eux, pour eux, voire simplement à leur proximité. Le cas de Paris confirme la théorie de Richard Florida dans The rise of the creative class sur ce point, mais pas nécessairement sur le lien qu’il établit entre présence d’une importante classe créative et un haut niveau de développement économique : on ne peut pas établir de corrélation ; bien d’autres facteurs entrent en jeu pour permettre la fertilisation croisée – dont la perméabilité entre les différents milieux qui est loin d’être évidente.

Paris-Île de France Capitale Economique a lancé le 30 juin dernier la première rencontre #LesMAGNETiques chez BETC aux Magasins généraux.

À cette occasion, les convives ont pu découvrir l’exposition « Regards du Grand Paris », fruit d’une collaboration entre les Magasins généraux, les Ateliers Médicis, le Centre national des arts plastiques, la Société du Grand Paris et le Musée Carnavalet. Celle-ci regroupe 38 artistes dont les œuvres imaginent un nouveau récit du Grand Paris.

Lors de ce premier dîner, les invités ont découvert les premiers résultats de l’étude ainsi que le témoignage de Margherita Balzerani, Directrice de Louvre Lens Vallée, un territoire qui a su se réinventer par le biais de l’entrepreneuriat, de la culture et de l’innovation.

Le programme de résidences d’artistes mise sur la diversité des entreprises, du BTP à la logistique, en passant par la finance ou le numérique, comme sur celle des artistes qu’ils soient plasticiens, designers, chanteurs ou encore chorégraphes pour faire naître différents types de complémentarités et de synergies. Les tandems artistes-entreprises sont le fruit d’une rencontre, le programme permettant à l’entreprise et à l’artiste de se choisir et de choisir un projet commun.

Il s’adresse à des entreprises qui souhaitent, dans une ère post-covid, renforcer les liens entre les salariés et dynamiser le retour sur site en créant une nouvelle cohésion d’équipe grâce à la création et à l’innovation. Il offre aussi aux artistes l’opportunité d’enrichir leurs pratiques en se familiarisant avec les enjeux, métiers et savoir-faire des entreprises du Grand Paris.

Depuis l’été 2022, c’est donc une dizaine d’artistes qui ont rejoint différentes entreprises implantées dans le Grand Paris. Parmi les premières résidences mises en place, on retrouve l’artiste Helena Guy Lhomme chez Capgemini : “J’ai voulu créer une œuvre qui me permette d’affirmer mes choix techniques et esthétiques mais qui fasse également sens pour l’entreprise qui m’accueille. Le cloud robotisé en laine cardée que je suis en train de réaliser sera une œuvre collective et animée d’environ 2 mètres d’envergure. Je crée et travaille au siège de l’entreprise Capgemini au milieu et parfois même avec les équipes qui assistent et participent ainsi à la genèse de l’œuvre. Une façon de réincarner la notion abstraite et digitale de cloud et de faire un pas de côté en interrogeant nos métiers, notre rapport au monde et aux ressources rares.”

La première saison 2022/2023 a permis la création de 11 tandems :

Société du Grand Paris x Niveau Zéro Atelier (Simon Chaouat et Souleimen Midouni) ; Foliateam x Filipe Vilas-Boas ; Cheuvreux Notaires x Alex Cecchetti ; IFF x Cecilia Bengolea ; Franklin Azzi Architectes x Laëtitia Badaut Haussmann ; Capgemini x Héléna Guy Lhomme ; Société Générale x Grégoire Ichou et Vincent Buffin ; Linklaters x Smith ; Société du Grand Paris x Manolo Mylonas ; ECT x Stefan Shankland ; Invivo x Natsuko Uchino.