Vers un Grand Paris durable : bâtir une métropole attractive et solidaire
Le 17 septembre 2024, au 3 Mazarium à Paris, s’est tenue la 7e édition du Sommet du Grand Paris, organisée par La Tribune en partenariat avec la Métropole du Grand Paris et les Notaires du Grand Paris, ainsi que d’autres acteurs publics et privés. L’événement, destiné aux élus, experts et représentants des collectivités, s’est concentré sur les enjeux de mobilité, d’attractivité économique et de transition écologique dans le cadre du développement du Grand Paris.
Animé par Jean-Christophe Tortora, président de La Tribune, le sommet a débuté avec une allocution de Pierre Tarrade, président de la “Chambre des Notaires de Paris”, pour appuyer la nécessité d’une réflexion collective sur le Grand Paris de demain, qui devra relever des défis structurels majeurs comme celui de l’immobilier.
L’événement s’est structuré autour de plusieurs interventions couvrant les enjeux liés au développement du Grand Paris. Cette synthèse se concentre sur quatre axes principaux :
- Le Grand Paris Express est au cœur des réflexions sur la mobilité, visant à transformer la connectivité régionale pour stimuler l’attractivité économique de la métropole.
- Le plan d’aménagement de l’aéroport d’Orly s’inscrit dans une stratégie de décarbonation innovante, tout en tenant compte des défis liés aux nuisances sonores et à la gestion des infrastructures dans un environnement densément urbanisé.
- Ensuite, le développement du quartier d’affaires de La Défense présente des enjeux d’aménagement qui s’éloignent des approches traditionnelles, avec un besoin d’adaptation aux nouvelles exigences écologiques et sociales.
- Enfin, le Marché de Rungis renforce son attractivité auprès des particuliers grâce à des projets novateurs, notamment autour de la Cité de la gastronomie, consolidant son rôle de plateforme stratégique pour l’approvisionnement de la métropole.
Ces quatre thèmes montrent la volonté de repenser les infrastructures et les stratégies d’aménagement pour un Grand Paris plus durable et compétitif.
« Le secteur immobilier fait face à des problèmes structurels importants, impactant la dynamique de nombreux emplois, dont ceux des notaires, qui sont plus de 3000 en Île-de-France et jouent un rôle central dans le développement local et l’attractivité de la région. » a déclaré Pierre Tarrade, président de la Chambre des Notaires de Paris, lors du Sommet du Grand Paris 2024.
La crise du logement représente un enjeu majeur pour l’Île-de-France, freinant la dynamique économique et sociale de la région. Le déficit de logements neufs, couplé à une demande croissante en logements sociaux qui atteint 2,7 millions à la mi-2024, crée un déséquilibre structurel préoccupant. Ce problème dépasse la simple question de la construction : il impacte l’attractivité de l’ensemble des territoires franciliens, avec des répercussions sur les communes en périphérie de Paris.
L’attractivité d’un territoire repose en grande partie sur sa capacité à proposer des logements accessibles, adaptés aux besoins d’une population active. Or, la saturation des infrastructures et la baisse des transactions immobilières – avec une chute de 20 % des ventes au dernier trimestre 2023 – accentuent la pression. Ces freins sont renforcés par des défis réglementaires et fiscaux qui ralentissent les initiatives des promoteurs immobiliers, surtout dans les zones tendues, complexifiant davantage l’offre en logements, notamment sociaux. Face à la crise du logement, couplée aux enjeux liés à l’objectif de Zéro Artificialisation Nette (ZAN), il devient impératif de repenser l’aménagement du territoire.
Valérie Pécresse, Présidente de la Région Île-de-France, a ainsi proposé des pistes de solutions : « La région Île-de-France vise un objectif de zéro artificialisation nette d’ici 2050, en réponse à la pression croissante sur le foncier. Cela nécessite de repenser les modèles d’aménagement, notamment en revitalisant des friches et en transformant des bureaux pour produire 70 000 nouveaux logements. »
Dans ce contexte, le Grand Paris Express (GPE) ne doit pas seulement être perçu comme un projet de transport. Il s’agit d’un véritable levier stratégique pour transformer l’attractivité de la région. Le projet ouvre de nouvelles perspectives en facilitant les connexions entre divers pôles économiques et résidentiels, au-delà du cœur de Paris.
C’est un outil essentiel pour renforcer l’attractivité de pôles clés comme Orly, La Défense, et Rungis, qui demeureront des moteurs de développement et des centres économiques multipolaires – à condition de s’adapter.
Le Grand Paris Express : Une infrastructure de mobilité au service de la compétitivité francilienne
Le Grand Paris Express se positionne comme un projet d’infrastructure essentiel pour renforcer la compétitivité et l’attractivité de la Région Île-de-France.
En redéfinissant les connexions entre les pôles économiques majeurs et les zones résidentielles, ce projet entend transformer durablement le territoire, tant sur le plan économique que social. Selon Jean-François Monteils, président de la Société des Grands Projets, le Grand Paris Express est « plus qu’un projet de transport, c’est un projet de transformation économique et territoriale ».
L’objectif de cette infrastructure est de désenclaver certaines zones et de créer une véritable fluidité dans les déplacements quotidiens. Avec 200 kilomètres de nouvelles lignes de métro et 68 gares, le réseau vise à faciliter l’accès à des territoires jusqu’alors peu desservis, attirant ainsi nouveaux résidents et entreprises. Ce projet ambitieux, récompensé en 2023 par le Veronica Rudge Green Prize in Urban Design de la Harvard Graduate School of Design, a été salué pour sa capacité à transformer durablement la région parisienne tout en adoptant des pratiques environnementales exemplaires, comme l’utilisation de béton bas carbone et le recyclage des sols excavés.
Cette fluidité redéploie l’attractivité à l’échelle métropolitaine, renforçant des pôles stratégiques comme les aéroports, avec l’extension de la ligne 14 desservant Orly ou encore la ligne 18 connectant Orly au pôle de recherche de Saclay. La ligne 15, quant à elle, facilitera les connexions entre les communes de la petite couronne et la Défense, stimulant ainsi la cohésion et l’interconnexion des territoires franciliens.
Le Grand Paris Express transcende la simple amélioration de la mobilité pour devenir un véritable moteur de transformation économique et territoriale. Catalysant dynamisme et innovation, il s’inscrit dans une démarche à long terme, répondant aux défis écologiques et sociaux de la métropole en dessinant les contours d’un territoire résilient, capable de rivaliser avec les plus grandes métropoles mondiales.
Comme l’a souligné Jean-François Monteils : « Nous ne construisons pas seulement un réseau de transport, nous façonnons la ville de demain, plus inclusive, plus écologique, mieux connectée ».
Comment Orly redéfinit l’attractivité économique du sud francilien
L’aéroport d’Orly est au cœur du projet du Grand Paris, tant par son positionnement stratégique que par son ambition de devenir un hub énergétique et économique d’envergure. Sous la direction de Justine Coutard, l’aéroport se fixe un objectif ambitieux : allier attractivité et transition écologique. Elle affirme ainsi que l’attractivité de l’aéroport ne peut plus seulement se mesurer en termes de volume du trafic aérien, mais aussi en termes d’impacts, ouvrant la voie à un projet territorial ambitieux, qui a été débattu avec
Trois axes principaux structurent cette transformation :
- Orly, un modèle de décarbonation et d’innovations vertes
Justine Coutard met l’accent sur la transition écologique de l’aéroport : « Nous ne cherchons pas seulement à réduire notre empreinte carbone, mais à montrer qu’un aéroport peut être un modèle d’innovation énergétique. Notre ambition est de faire d’Orly un hub de décarbonation où les technologies vertes et la production d’énergie locale deviennent la norme. ». Parmi les initiatives majeures, la construction d’un méthaniseur sur place, qui produira localement chaleur et électricité verte, symbolise cet engagement.
- Un dialogue avec les territoires pour un développement harmonieux
Orly doit composer avec les nuisances sonores inhérentes à son activité, en raison de sa proximité avec des zones urbanisées. Justine Coutard souligne cependant : « Nous sommes conscients des défis que posent les nuisances sonores pour les habitants. C’est pourquoi nous avons mis en place un dialogue constant avec une vingtaine de communes concernées, afin de co-construire des solutions qui respectent à la fois les besoins de l’aéroport et ceux des habitants. »
L’urbanisation antérieure à l’aéroport offre l’avantage de connecter des pôles majeurs comme Saclay et Paris, mais implique aussi de gérer ces contraintes. Ce dialogue, essentiel, vise à concilier le développement de l’aéroport avec l’amélioration des infrastructures de transport et un encadrement visant à réduire les nuisances sonores. La transformation d’Orly s’inscrit pleinement dans la logique de décarbonation qui guide les grandes infrastructures en Île-de-France. À ce titre, Hélène Milot, déléguée régionale EDF Île-de-France, rappelle que « trois leviers principaux permettent d’avancer vers une énergie décarbonée : la production d’énergie, la sobriété énergétique avec une réduction de 10 % de la consommation, et la transformation des usages, notamment dans les secteurs du bâtiment et du transport. »
- Attractivité et mobilité : Orly, un catalyseur de compétitivité
L’extension de la ligne 14 du Grand Paris Express, inaugurée le 24 juin 2024, fait d’Orly un nœud stratégique de mobilité pour la région. Justine Coutard précise que cette connexion est un levier essentiel pour attirer entreprises et voyageurs : « Grâce au Grand Paris Express, nous connectons Orly non seulement à Paris, mais aussi à des pôles économiques dynamiques. Cela fait de notre aéroport un acteur clé pour la compétitivité de l’Île-de-France ».
L’amélioration de l’accessibilité consolide la position d’Orly en tant que porte d’entrée incontournable de la métropole, avec une moyenne de 110 000 passagers par jour en 2024, ce qui stimule non seulement la croissance économique, mais aussi le développement des territoires environnants.
Réinventer les pôles économiques du Grand Paris : La Défense et Rungis face aux défis de demain
La Défense : Modernisation et redéfinition de l’attractivité
En tant que plus grand pôle économique de l’Union européenne, La Défense se trouve à un moment charnière de son histoire, confrontée aux nouvelles exigences environnementales, notamment la réglementation Zéro Artificialisation Nette (ZAN) et le décret tertiaire, et aux nouvelles habitudes de travail renforcées par la pandémie de COVID-19. Le quartier doit repenser ses espaces pour diminuer son bilan carbone et pour diversifier ses activités, en misant sur la mixité fonctionnelle.
Pierre-Yves Guice, directeur général de Paris La Défense, affirme : « La Défense ne peut plus être seulement un lieu de travail, elle doit devenir un quartier où la vie, les loisirs et le travail se conjuguent de manière durable. »
Luc Cesari, directeur de l’aménagement de Paris La Défense, abonde dans ce sens en précisant : « Nous visons une approche où l’aménagement du territoire doit refléter la nouvelle réalité des attentes sociétales. La rénovation écologique des bureaux n’est qu’une première étape : il faut également répondre aux besoins des étudiants, des familles et des habitants, tout en respectant les normes environnementales. »
Richard Curnier, Directeur régional Ile de France de Banque des Territoires, complète cette vision en mettant l’accent sur l’importance de repenser les infrastructures existantes : « La transformation de La Défense ne peut réussir qu’en revisitant les espaces actuels, pour les rendre plus accessibles et plus en phase avec les attentes écologiques et sociales des générations futures. »
Ces transformations s’inscrivent dans une volonté de créer un espace inclusif et fonctionnel, respectant les nouvelles attentes en matière de mobilité douce et de développement durable.
Redynamisation du quartier : réinventer La Défense pour l’avenir
Avec l’essor du télétravail et les nouvelles attentes en matière de mobilité douce, La Défense se réinvente pour rester compétitif. Pierre-Yves Guice insiste sur la nécessité de changement : « Il est crucial de ne plus voir La Défense comme un simple quartier d’affaires, mais comme une véritable ville dans la ville, un espace de vie dynamique où se rencontrent les nouvelles aspirations sociétales. »
La Défense est, affirme Katayoune Panahi, Présidente de l’Association des utilisateurs de La Défense, un trésor national qu’il s’agit de projeter dans l’avenir : un trésor économique, symbolique, architectural et technique. Le quartier possède des atouts incommensurables à l’heure de la décarbonation. Alors que toutes les villes européennes cherchent à piétonniser leur espace public, La Défense peut se targuer d’avoir la plus grande dalle piétonne d’Europe et une connexion intermodale de qualité. L’enjeu est avant tout de créer un nouveau récit.
Si tous les intervenants s’accordent sur la nécessité de ce nouveau récit, sa définition se révèle plus complexe et parcouru de lignes de tension : où mettre le curseur? Quartier de ville, quartier d’affaires? Est-ce que la mort annoncée des immeubles de bureaux n’est qu’un effet de mode auquel il ne faut pas céder trop vite. Luc Césari évoque ainsi l’exemple d’Amazon qui vient de déclarer la fin du télétravail pour ses équipes. Pierre-Yves Guice assume une position de grande modestie par rapport à ce qui sera demain… mais aussi une position d’attention aux signaux faibles et d’agilité qui rompt avec les grands récits monolithiques qui ont fait La Défense.
Attractivité économique : La Défense, moteur économique international
En tant que hub économique international, La Défense doit maintenir son rôle central dans l’économie francilienne tout en répondant aux défis d’aujourd’hui. Luc Cesari met l’accent sur l’importance d’une collaboration étroite avec l’État et les investisseurs privés : « Pour que La Défense continue d’attirer des entreprises internationales, il est impératif que les acteurs publics et privés travaillent de concert. Les incitations fiscales doivent être renforcées, et il faut offrir aux investisseurs une visibilité claire sur leur retour sur investissement. »
Richard Curnier insiste également sur la nécessité de renforcer les partenariats publics-privés et l’implication d’acteurs de très long terme comme La Banque des Territoires pour rendre possibles les transformations nécessaires du quartier en les amortissant sur du très long terme. Thierry Vachon, Président honoraire de la chambre des notaires de Hauts-de-Seine, abonde en ce sens, en montrant que le changement de paradigme se traduira par des innovations en matière de droit. Il ne s’agit là toutefois, rappelle-t-il, qu’une continuité du caractère de “laboratoire juridique” que La Défense a été depuis sa création. C’est avec La Défense qu’a été inventée la propriété divisée dans l’espace, une exception à l’échelle internationale.
Rungis : un modèle d’attractivité et d’innovation logistique
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Transition vers l’attractivité grand public : un Rungis ouvert et ambitieux
Historiquement réservé aux professionnels dans un cadre B2B, le Marché International de Rungis amorce une transition en s’ouvrant progressivement aux particuliers. Stéphane Layani, président du Marché International de Rungis, souligne cette nouvelle dynamique : « Rungis n’est plus seulement un marché pour les professionnels, c’est un lieu qui incarne l’excellence de la gastronomie française, un point d’attraction pour le grand public. »
L’un des projets phares de cette ouverture est la Cité internationale de la gastronomie, un ambitieux complexe de 7 hectares dont l’inauguration est prévue pour 2027. Ce projet vise à attirer un nouveau public tout en mettant en avant l’exception française en matière de produits alimentaires, renforçant ainsi le rôle de Rungis dans l’attractivité économique et touristique de la région.
Stéphane Layani précise : « Avec la Cité internationale de la gastronomie, nous ne faisons pas que célébrer nos produits, nous créons un nouveau point d’ancrage culturel et économique pour le Grand Paris, ouvert à tous. »
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Modernisation des infrastructures : Rungis à l’ère du futur
Pour répondre aux défis contemporains, qu’ils soient logistiques ou environnementaux, Rungis mise sur des solutions innovantes. L’arrivée du Grand Paris Express facilitera l’accès au marché pour les travailleurs et les visiteurs, tandis que des projets comme les navettes autonomes visent à réduire l’empreinte carbone du site. Stéphane Layani précise : « La modernisation de Rungis passe par des infrastructures intelligentes, des solutions écologiques et une vision durable. »
En parallèle, la création d’un deuxième Rungis à Goussainville marque une nouvelle étape pour le développement de l’activité économique régionale. Ce projet vise à diversifier la production et à répondre aux besoins grandissants des acteurs locaux. Le rôle de Rungis Académie, qui forme aux métiers de bouche, devient également central dans cette stratégie, comme le rappelle Stéphane Layani : « Former les nouvelles générations est essentiel pour perpétuer l’excellence française et soutenir l’activité agricole de la région. »
Conclusion : une attractivité plurielle au service de la compétitivité durable
Les interventions au Sommet du Grand Paris révèlent une conception de l’attractivité de Paris-Île de France capable de combiner innovation, transition écologique et dynamisme économique. Il est ainsi symptomatique de voir que les grands projets qui vont marquer le Grand Paris, Rungis, Orly et La Défense, font tous de la transition environnementale un moteur de leur leadership de demain.
Rungis, avec l’ouverture au grand public et la diversification de ses activités, incarne une nouvelle dynamique logistique, tandis qu’Orly, en devenant un hub énergétique de premier plan, s’inscrit dans une stratégie de décarbonation exemplaire.
Enfin, le quartier de La Défense réinvente son modèle en intégrant la mixité fonctionnelle, conjuguant ainsi espaces de travail, de vie et de loisirs et en portant des ambitions fortes en matière de transformation d’assets échoués ou en passe d’être échoués, de recyclage urbain et d’économie circulaire, bousculant les modèles économiques et la structuration des savoir-faire. Cette transformation répond aux nouvelles attentes sociales, tout en consolidant le rôle moteur du quartier dans l’économie régionale et internationale
Cette approche pluridimensionnelle repose sur des piliers fondamentaux : la connectivité, la modernisation des infrastructures, la qualité de vie et la transition environnementale. Le succès du Grand Paris Express rend concret la promesse faite de redéfinir la carte régionale, en facilitant l’accès à des zones jusqu’alors peu desservies, tout en stimulant l’investissement immobilier et industriel.
Cette nouvelle édition du Sommet du Grand Paris a montré que l’élan catalysé par les JOP continue à irriguer les acteurs du Grand Paris qui osent assumer des ambitions fortes.
Qu’attractivité rime avec ambitions sur les ambitions, c’est la conviction que nous portons chez Paris-Île de France Capitale Économique. Plusieurs de nos membres portent les projets clé cités : La Métropole du Grand Paris, La Semmaris, Paris La Défense, La Société des Grands Projets, La Chambre des Notaires de Paris. Bravo à eux et aux autres intervenants.